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  • article parue au printemps 99 dans le Hors série "Reggae-Ragga n°3" du magazine Groove
  • interview réalisée en Juillet 1999 passée sur Alternantes FM et publiée dans"la civelle rebelle"
  • intervew parue dans le hors-série Reggae/Ragga de Groove n°7 fin 99.
  • interview réalisé fin 99 par le webzine Skanews

  • K.2.R. Riddim

    Article de Gilbert Pytel parut dans le Hors série "Reggae-Ragga n°3" de Groove du printemps 1999.

    Le premier album de K.2.R Riddim, Carnet de roots, devrait augmenter considérablement le public ki se presse déjà à leurs concerts. Rencontre avec trois membres du groupe, chez eux, à Cergy.

    Composé de dix membres : Stéphane, Thierry et Thibaut (batterie-basse-guitare), Olivier (claviers), Christophe, Loïc et Dorothée (section de cuivre), Ange et Just One (chant) et yvan (percussions), la formation originelle a débuté en 1992 avant de se consolider définitivement il y a 3 ans. Interrogés sur l’engouement qu’ils suscitent sur scène, la réponse des K.2.R coule de source : "On tourne sérieusement en province depuis quelques années. On trouve que de façon générale, il y a beaucoup trop de musiques électroniques et voir dix personnes sur scène ki bougent dans tous les sens peut-être une explication. Les groupes se font mieux connaître qu’auparavant, un réseau d’entraide se met en place, on se refile des plans et les contacts. Les mentalités évoluent, il existe un nouveau souffle dans le reggae français. Après des années de pompage des jamaïquains, les artistes trouvent de plus en plus une identité propre. De notre côté, au lieu de rester un groupe du samedi soir on cherche à aller de l’avant. A l’heure actuelle, on est obligé de travailler à côté. Il est parfois dur de gérer sa vie privée, K2R est un investissement total. On espère rapidement devenir intermittents du spectacle pour ne faire que ça ". Le groupe a du passé par pas mal de galère pour finir l’enregistrement de son album, un disque réalisé en auto-production et revendiqué comme tel. " Avec le temps et les moyens qu’on a eus pour faire ce disque, nous en sommes assez satisfaits. Carnet de Roots est une bonne photographie de ce que l’on était à ce moment là avec des bons côtés et des erreurs. Depuis, il y a des morceaux qu’on appréhende différemment sur scène mais personne n’a été déçu par cette réalisation. Nous voulons rester en auto-production pour avoir notre liberté. Notre choix est de rester indépendants pour l’instant et pourquoi pas créer notre propre label. On a envie d’aller à notre rythme. Aujourd’hui, nous ne sommes pas forcément mûrs pour nous retrouver dans une grosse structure. On tient à rester maître de notre trajectoire et ce, même si on n’exclut pas de signer un jour. ". En France, si l’on observe un certain repli communautaire parmi une frange de la population, K.2.R tient à marquer sa différence en chantant en trois langues (français, anglais et lingala). " Un de nos chanteurs, ange, avait envie de s’exprimer dans sa langue natale . Dans le groupe, on a des origines diverses, il est donc agréable de voyager en musique et de revendiquer ce métissage. On peut très bien faire du bon son ensemble, vivre en famille tout en respectant les différences des autres. Nous ne parlons pas d’intégration mais de respect de l’autre tout simplement. Dans nos textes, on privilégie un message d’ouverture d’esprit, d’émancipation et de lutte contre toutes les discriminations. S’il est intéressant de parler de Babylone, de déclarer ‘Non au racisme’, c’est à chacun de l’appliquer dans sa vie quotidienne. Que des gens chantent la haine, on trouve ça dommage. Nous ne reconnaissons pas, par exemple, dans les textes homophobes. Mais, on trouve aussi dans notre répertoire des morceaux instrumentaux qui sont faits pour bouger et dépasser le quotidien ".

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    K.2.R. Riddim

    Voilà une intervew de K2R réalisé début Juillet 1999. Elle est passée sur Alternantes FM (98.1 à Nantes, 91 à St Nazaire). Et elle a été publié dans le journal "la civelle rebelle" le journal du SCALP No Pasaran! de Nantes.

     

    Que veut signifie K2R à part une marque de lessive ?

    Christophe (saxo) : Pas grand chose c'est un délire lors du premier concert. Tout le monde écoutait du Ska et du punk, K2R est sorti comme ça en référence peut être à de vieux groupes de punks comme PK.

    Dorothée (trompette) : Au départ c'est un délire, puis on a rajouté le riddim pour bien faire une séparation avec le détachant qui ne voulait pas que l'on utilise son nom.

     

    Vous avez joué pour le groupe SCALPREF'LEX Paris. En quoi pensez-vous que la lutte du Scalp est importante ?

    Pour nous c'est important de s'engager avec des associations qui font bouger un petit peu la société. En tant que groupe, on a la possibilité lorsque l'on est sur scène de passer un message à un public qui vient écouter ; on peut donner un peu de musique, un peu de temps.

    Ch. Le reggae c'est aussi une musique militante, et donc c'est important de se positionner et de ne pas faire comme certains groupes qui se disent apolitiques, nous avons une position ferme : c'est que les fachos on n'en veut pas, c'est pour cela qu'on a fait ce concert pour le Scalp.

     

    Vous chantez sur la discrimination, sur sa persistance, sous quelle forme pensez vous qu'elle existe encore ?

    Ch : Elle existe à tous les niveaux ; ce n'est pas seulement la discrimination raciale -, c'est une discrimination homophobe, sociale, sexiste, éducative.

    Do : La discrimination existe dans toutes les nations, c'est pour dire aussi aux gens que même si en France on est dans un pays démocratique, la discrimination existe aussi.

     

    Est-ce qu'il n'y a pas aussi de la discrimination vis-à-vis des banlieues ? vous même vous êtes de Cergy.

    Tout à fait. Par exemple pour un groupe de banlieue c'est beaucoup plus difficile pour la progression, pour avoir des salles sur Paris. Ce qui intéresse les salles parisiennes privées, c'est faire de l'argent.

    Do : En dehors de la musique, il y a une identité forte banlieusarde qui s'est créée qui peut aller dans l'extrême comme des groupes qui peuvent se dire représentant du 93 par exemple, mais c'est peut être en réaction à une forme de discrimination, ça a permis aussi de créer une solidarité entre les gens de banlieue.

     

    Jah est relativement présent dans les paroles de K2R, qu'est-ce qu'il représente pour vous ?

    Ch. : je crois en Dieu, en une forcé supérieure, mais Jah pour moi c'est ce qui représente une puissance élevée et qui nous guide chaque jour.

    Do : Les chanteurs c'est eux qui ont la parole dans les textes, eux vont l'appeler Jah parce que ça correspond à leur croyance. Dans le groupe tu as différentes religions et des gens athées, mais on se retrouve tous. Tu peux l'appeler Jah ou autrement mais tu as une énergie qui nous lie et qui nous porte vers le positif.

     

    Quand vous chantez que "la vengeance se place au point de la violence", ça fait penser au Kosovo, ça semble être un cercle infernal ?

    Ch : C'est l’image de toutes les guerres, nous on fait allusion surtout à des luttes qui ont été menées par deux grands personnages Martin Luther King et Matma Gandhi qui ont eu, eux, des luttes pacifiques, nous c'est cet esprit là que l'on veut retrouver dans K2R.

    Ju : C'est aussi la vengeance qui devient tellement forte que tu réagis par la haine Babylone c'est tout ce qui est mauvais dans toute société, tout ce qui empêche l'être humain d'évoluer.

     

    Il y a les soldats bleus qui se disent soldats de la paix, mais les soldats de la paix pour vous ne sont pas vraiment ceux-là ?

    Ch : pour nous le soldat de la paix, c'est pas le gardien de la paix, c'est plus Martin Luther King et Gandhi.

    Ju : Il faut oublier que ce sont des armées et ils se disent que soldats de la paix mais ce sont eux qui font les plus grandes parades avec les armes à la main, pour dire aux autres puissances, faites attention sinon ça va péter..

     

    C'est les mêmes qui bombardaient avant de faire la paix ?

    Exactement.

     

    Vous étiez sur la compil "It's a frenchy reggae Party Il", c'est quoi le futur pour vous ?

    C'est la sortie du clip de "One by one" et une tournée en décembre/janvier à travers toute la France.

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    merci à Eric pour cette interview


    K.2.R. Riddim - RIDDIM FACTORY

    Voilà une intervew parue dans le hors-série Reggae/Ragga de Groove n°7 fin 99.

    Alors que plusieurs grosses maisons de disques leur faisaient les yeux doux, les K2R Riddim ont sagement préféré sortir leur nouveau disque (un live de sept titres) en collaboration avec le distributeur Tripsichord. Autopsie d'un succès rassurant.

    Leur premier album Carnet de Roots s'est déjà vendu à plus de 12 000 exemplaires en moins d'un an. Malgré les moyens limités mis à leur disposition, les K2R Riddim ont compensé en arpentant les scènes de France et de Navarre, fabriquant eux-mêmes un buzz justifié. Ce collectif de seize personnes (dix musiciens, trois techniciens, un manager, une attachée de presse, un photographe et un comptable !) n'a pas attendu qu'on vienne lui proposer un pont d'or pour agir ; Ils ont préféré évoluer seuls dans une optique indépendante et authentique.

    Qu'avez vous fait depuis la sortie de votre premier LP ? Pourquoi avoir produit un disque live ?

    K2R Riddim : On a eu de la chance d'enchaîner de nombreux concerts ainsi que des grosses premières parties. Le festival reggae à Bercy a été un grand moment pour nous. On a gagné à l'applaudimètre, le public a donc bien accroché. Notre reggae étant assez varié, de nombreuses personnes ont sans doute pu s'y retrouver. Après avoir écumé de nombreuses salles de province, on a décidé de sortir un album live et de tourner un clip en Corse. Cette idée s'est naturellement imposée, dès lors qu'il est évident que nous sommes avant tout un groupe de scène. C'est une envie de donner aux gens une impression live au niveau du son : celui que K2R Riddim a sur scène. Pour le choix des titres, les gens pourront reconnaître des morceaux de l'album dans des versions différentes, mais aussi trois inédits qu'on joue depuis longtemps en live. Ils n'étaient par sur Carnet de Roots, car l'impact n'aurait jamais été le même en studio. Ensuite, il y avait deux covers évidentes : Blackboard Jungle et Al Capone. Le titre Tribute conclue tous nos concerts avec la présentation des musiciens. Ce sept titres est en fait une transition en attendant le nouveau CD. Pas mal de personnes ont été surprises de nous voir enchaîner un live après le premier disque. C'est un défi qu'on s'est fixé : ne pas attendre une année après la sortie de Carnet de Roots pour relancer directement autre chose. On s'est pris en main, avec les moyens du bord pour rester présent dans l'actualité. Pareil pour la vidéo de One by One, puisque nous n'avons pas accès aux chaînes de télévision comme M6, on a réalisé une vidéo qu'on a incluse sur ce disque pour, qu'au moins, elle soit diffusée à la hauteur des ventes du disque. C'est un moyen de promotion comme un autre.

    Arrivez-vous à vivre de votre musique, ou êtes-vous encore obligés de travailler en dehors du groupe ?

    K2R : On a tous arrêté de travailler, à part le percussionniste. Nous cumulons nos différents cachets pour obtenir le statut d'intermittents du spectacle, ce qui devrait arriver en février-mars cette année. On a tous fait le choix de nous consacrer exclusivement à la musique, arrêter d'être le cul entre deux chaises. C'est le meilleur moyen pour tourner régulièrement et pour travailler le plus sereinement possible, acquérir une conscience professionnelle. Nous avons eu la chance des débutants, le public a accroché, maintenant il faut prouver ce que l'on sait faire. C'est un long chemin de notre vie future qu'on joue actuellement, il faut que cela marche pour nous, on n'a plus le choix. De plus, comme nous sommes tous pratiquement autodidactes musicalement parlant, cette nouvelle situation nous laisse du temps pour perfectionner la connaissance de nos instruments, prendre des cours également.

    Vous avez été approchés par différents labels, dont pas mal de majors companies, pourquoi avoir choisi de sortir ce live sur Small Axe/Tripsichord ?

    K2R : On ne veut pas, pour l'instant, se faire bouffer par une grosse structure. Nous sommes en train de monter notre propre boîte de production. Tant que l'on pourra rester indépendant, produire notre musique à notre rythme, tel qu'on le sent, on n'a pas de raison de changer. Pendant ce temps, on acquiert de l'expérience, on remplit nos bagages. Signer une licence avec un label de distribution nous paraît être une bonne solution pour commencer. On signera peut-être un jour, mais pour l'instant, on continue comme ça.

    Vous sentez-vous appartenir à la scène ska francophone ou plutôt, plus largement, à une scène reggae hexagonale ? Selon vous, est-il pertinent d'effectuer une différence entre ces deux appellations ?

    K2R : Pour le mois de mars 2000, nous avons le projet d'ouvrir notre musique à d'autres expériences : prendre des dubs qu'on a enregistré et soit, les faire remixer par des DJ house ou techno, soit réaliser des remixes fidèles au vieux dub standard. On aura donc du mal à nous classer. On se reconnaît tout de même plus dans l'image de groupes qui véhiculent une identité musicale propre, plutôt que de se rattacher à un courant en particulier. Comme nos influences sont réunies par trente-cinq années de musique jamaïquaine, on peut évidemment nous classer dans le reggae. Néanmoins, on voyage tellement d'un style à un autre, voire même, par exemple, mélanger du ska classique avec un toast dancehall dans un même morceau, qu'il serait difficile de nous coller qu'une seule étiquette. On arrive aussi bien à jouer dans des festivals purement orientés reggae que dans des trucs plus rock, cela se passe bien avec tous les genres de public.

    Comment percevez-vous l'explosion prévisible du reggae francophone ? Pensez-vous que cela débouchera sur un mouvement durable ?

    K2R : En ce moment, beaucoup de gens essaient de retrouver un esprit indépendant dans la musique et le reggae s'y prête parfaitement. Dans une période de métissage musical comme actuellement, tu peux aussi bien exploiter l'électronique ou les effets sonores qu'utiliser des percussions limite tribales ou des harmonies vocales travaillées. Il y a aussi un gros matraquage médiatique : Skyrock se met au reggae, des gens comme Sinsemilia ou Pierpoljack ont ouvert des portes, les organisateurs de concerts se précipitent sur les groupes. C'est l'année du reggae, il faut savoir en profiter intelligemment. Enfin, il y a peut-être quelque chose de mystique derrière tout ça. Nous sommes en plein changement de millénaire, des individus sont à la recherche d'amour et de joie, cette musique ne peut que les attirer… Le reggae a toujours eu un public en France, maintenant, on assiste à une multiplication de nouveaux groupes talentueux comme, par exemple, 38 Dub Band, Zenzile ou Orange Street. Jusqu'à présent, on retrouvait des choses assez standards dans le reggae français alors que là, chacun essaie d'y mettre un style particulier, propre à une influence la plus originale possible. Les Anglais comme les Jamaïquains commencent à s'intéresser à ce qui se passe chez nous, ils sentent qu'il existe une couleur particulière au niveau de la musique et de son esprit.

     

    Interview bilan à l'heure où les K2R Riddim sortent un live - Ragga n° 7

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    Retranscrit par Vincent Prémel, par Vinz quoi !

    merci vinz


    K.2.R. Riddim

    Après une longue tournée de 90 dates qui les a mené dans toute la France et la Suisse, K2R Riddim a vu son premier album "Carnet De Roots" franchir la barre du double disque de Bois (12 000 copies vendues). Satisfait du travail effectué par Tripsichord sur son premier disque et souhaitant rester maître de son destin, le groupe a préféré pour son nouvel opus signer une licence chez Small Axe, label interne de ce distributeur indépendant, que de répondre favorablement aux avances des majors compagnies.

    Le nouvel album de K2R, enregistré en concert, enfonce définitivement le clou. "K2R Riddim Live" est véritablement l'événement Ska-Reggae "Made In France" de ce début d'année. Il restitue parfaitement l'énergie dégagé sur scène par cette formation éclectique qui sait nous faire vibrer avec ses Ska endiablés et son Reggae Roots envoûtant. "Miss Millie", "One By One", "Murder" et "Tribute (To The Old School)" côtoient à merveille l'inédit "Freestyle" et les reprises de "Blackboard Jungle" (Lee Perry) et "Al Capone / Man In The Street" (Prince Buster / Don Drummond). Cerise sur le gâteau, la galette est dotée d'une piste C.D. Rom où vous pourrez voir et revoir sans modération le clip de "One By One" !

    Le présentation, en format Digipak dépliable, est très belle, les photos réussies, mais hélas, il manque une ligne créditant les reprises et les adaptations de grands standards ("Love Me Forever" de Carlton & The Shoes sur "Murder " par exemple).

    A l'heure où le Reggae revient à la mode avec trop souvent des artistes préfabriqués, K2R Riddim se place en "sauveur authentique" du genre, rétablissant le son, le style et l'esprit véritable du "Jamaican Sound" tant au niveau de la musique, que des textes sociaux et revendicatifs, sans chichis, son F.M. grand public ou textes à l'eau de rose.

    Quelques jours avant la sortie de leur album "Live", les stagiaires du centre de formation Version Originale de Persan ont rencontré les K2R à Cergy alors qu'ils devaient jouer dans le cadre du festival valdoisien Tempo Urbain.

    Skanews : " Votre batteur a été victime d'un accident de la route et est immobilisé pendant quelques semaines, vous avez donc été obligé d'annuler quelques concerts le temps de répéter avec son remplaçant "par intérim". Orange Street vous a remplacé ce soir et vous êtes même montés sur scène avec eux pour taper le boeuf et vous excuser auprès du public. Comment va Stéphane, votre batteur ?"

    Christophe : "Le moral ça va doucement, quand on a un accident avec un bus, quand on a fait un certain nombre de tonneaux et que l'on s'écrase contre un poteau et que l'on se casse la jambe.On l'a vu, il avait quand même la pêche, il a envie de reprendre, il voulait quand même jouer avec sa jambe cassée, charleston fermée. Pour ne pas annuler nos dates de décembre, nous avons été obligés de prendre un batteur remplaçant. Il a appris le répertoire en 2 répétitions. Nous avons bossé comme des malades aujourd'hui et hier. Voilà pour les histoires de batteurs."

    Ange : "Malheureusement avec l'accident de Stéphane on est venu pour s'excuser de cette absence devant le public et boeuffer avec Orange Street, prendre des bonnes vibes tous ensemble..."

    Christophe : "Orange Street, c'est carrément canon ! Ils ont fait la première partie des Skatalites à Sannois. Sur le Val D'Oise, le groupe montant actuellement qu'il faut écouter c'est Orange Street. Je pense que l'année prochaine il vont nous sortir leur premier album et ça va cartonner !"

    Skanews : "Depuis quand existe votre groupe ?"

    Ange : "Le groupe existe depuis longtemps, avec en premier le guitariste, le bassiste et le tromboniste qui est aussi chanteur. Ils sont vraiment à la tête de K2R Riddim puisque ce sont eux qui ont commencé. Sinon le groupe à véritablement commencé en 94 avec l'arrivée de Justin, de Fred à la sono et de notre manager. C'était vraiment une bonne chose. K2R existe depuis un bon moment quand même."

    Skanews : "Comment vous est venue l'idée de fonder le groupe ?"

    Ange : "C'est une idée de Thibault et Loïc. Ils rêvaient de tourner et de jouer en se baladant aux 3 Fontaines à Cergy. Ils prenaient le temps de répéter avec leur guitare et leur basse, c'est là qu'est né le groupe K2R Riddim. Christophe était le premier à rejoindre Thibault et Loïc et après il y a eu Badis et Anis qui ont quittés le groupe depuis. Ensuite je suis arrivé, puis ce fut au tour de Justin d'intégrer le groupe."

    Christophe : "A la base il y avait 2 toasters (Anis et Badis (Ouled El Riddim), que l'on retrouve sur la compilation "Ni Jah Ni Maître" d'On A Faim Label, NDLR) tendance Hip Hop et donc on mélangeait tout ça avec les styles Ska et Reggae. Avant, on avait plus une tendance Ragga / Hip Hop et eux, c'était les 2 toasters. Ils sont partis pour des raisons personnelles en 96. 1996, ca a été le tournant dans l'histoire de K2R Riddim, c'est la date de la nouvelle formation, avec Stéphane, notre batteur malheureusement accidenté, pour pas longtemps on espère. L'arrivée aussi de l'arrangeur pianiste, Olivier Daviaud qui en fait à structuré vraiment bien toutes les compositions, ce qui nous a permis d'avoir un répertoire un peu plus solide par rapport à avant, et là on a vraiment commencé a travailler notre style avec des chansons comme "La Discrimination" chantée par Ange, avec le passage avec les cordes et tout ce qui a vraiment marqué un peu le style que l'on allait faire plus tard."

    Skanews : "D'où vient votre nom K2R Riddim ?"

    Ange : "K2R, ça vient d'un délire d'une personne qui se trouvait dans une soirée où se trouvaient Thibault, Loïc et Thierry. Ce jour là, ils étaient en train de boeuffer entre eux et il y a un mec qui était là qui a dit : "Si j'avais un groupe comme le vôtre, je l'appellerais K2R." Ca a marqué Loïc et nous avons gardé K2R. Au fur et à mesure que l'on jouait, le nom K2R était facile à retenir pour les gens et on a insisté dessus."

    Christophe : "Les consonances K2R, ça vient de pas mal de groupes Punk, underground, qui sévissaient fin des années 80, du style PK et tout ça. Au départ le groupe avait plus une mentalité keupon un peu rebelle, donc K2R, ça avait une sonorité un peu agressive. Au tout départ, le groupe se disait keupon Rock Reggae."

    Skanews : "Parlez nous de vos premiers concerts, est ce que le style musical était le même qu'aujourd'hui ?"

    Ange : "Franchement, je dirais oui avec moins de technique et moins de mise en place, mais l'esprit était déjà là. On savait ce que l'on voulait faire plus tard. Au fur et à mesure, on a acquis des techniques à force de travailler. C'est pour ça que nous avons décidé de faire "Carnet de Roots"."

    Christophe : "En fait, plus que le style, je crois que c'est l'esprit que l'on a gardé. Dans la musique, on a voulu métisser les genres. 35 ans de musique jamaïcaine, mais il n'y a pas que ça. On ne se borne pas à reprendre que les anciens. On essaye d'aller puiser vers d'autres artistes qui nous intéressent et surtout de développer notre style par ce métissage. "

    Skanews : "Parlez-moi de la réalisation de "Carnet de Roots", votre premier album"

    Ange : "La réalisation de "Carnet de Roots", ça c'est passé avec beaucoup d'inquiétude. On a commencé avec des souscriptions, en fait, on vendait l'album avant qu'il soit édité. les gens venaient nous voir en nous disant : "Pourquoi ne sortez-vous pas un C.D. ?". C'était ça le départ de "Carnet de Roots"."

    Christophe : "Il faut dire surtout pour l'album, que l'on a posé les pierres du studio, on a fait du ciment, du plâtre, on a été jusqu'à construire un studio. On a acheter le matériel. Nous avons financé tout ça avec les 80 Francs que les gens nous donnaient pour le disque. Ca c'est pas fait comme ça d'un coup, puisqu'il nous en a fallu du temps ! C'était pas notre métier. On allait bosser dans le studio après notre journée de travail ou nos études. Il faut dire que nous avons eu un technicien vraiment patient. On était pas vraiment au point sur tout et lui, il avait accepté d'attendre pour se faire payer , on va dire, pour 8 mois de travail. Le studio, ça nous a coûté 15000 Francs pour 8 mois de travail. Si tu compares avec les studios sur Paris, il valait mieux le faire nous même, sinon on n'aurait jamais pu le faire. C'est grâce au gens, grâce à la bonne volonté de plein de personnes que nous avons pu faire ce disque, et aussi grâce à notre manager. Sans lui, on aurait pas eu l'initiative de faire cette photographie du groupe qui a marqué le point de départ. C'est pour cela que nous avons appelé ce disque "Carnet de Roots " parce que moi, ça me faisait penser aux carnets de l'aventure sur FR3, il y a plusieurs années... C'était vraiment l'entreprise ! et Roots parce qu'en jamaïcain, c'est les racines, et dans cet album il y a le mélange des cultures. C'est notre identité. Voilà, c'est pour cela aussi que nous l'avons appelé comme ça.".

    Skanews : "Pouvez vous nous faire un bilan des ventes de cet album."

    Christophe : "En fait, je suis l'ancien trésorier du groupe. Heureusement, maintenant il y a un comptable beaucoup plus expert qui a pris le relais ! C'est pour dire que l'album à bien marché et qu'il marche encore très bien. Pour une autoproduction, nous en sommes à 12 000 exemplaires vendus en 11 mois. On va arriver à un an d'existence de l'album, je pense que c'est un bon bilan. Moi, dans mes rêves, mon objectif c'était 15 000. Je crois qu'on va y arriver. C'est sûr, quand on voit par rapport au succès des artistes confirmés, comme par exemple Francis Cabrel qui vend en 15 jours 500 000 albums, ou le succès de Tryo qui en sont à plus de 200 000 albums... C'est vrai, ça nous fait envie. Mais pour le travail que l'on a pu fournir, c'est une bonne récompense d'atteindre ces ventes. C'est ce qui nous permet aujourd'hui de faire des concerts. On fait des concerts à perte, nous ne sommes pas assez payés sur des concerts, alors on est obligé de réinjecter de l'argent de l'album que l'on gagne sur les tournées. C'est ce qui nous permet de faire des concerts. Aujourd'hui, à Cergy, on aurait dû jouer si notre batteur n'avait pas été accidenté. Un concert comme ça, pour une association qui se bouge bien, pour nous c'est vrai que financièrement ce n'est pas rentable. Mais au niveau de l'esprit, on cherche à continuer à faire ce genre de concert."

    Skanews : "Votre répertoire est très varié au niveau musical, c'est un avantage ou un inconvénient pour vous, musiciens ?"

    Yvan : "Il y a une chose en tant que musiciens, quand tu fais un répertoire varié, tu respires ! surtout quand tu fais 100 à 150 concerts dans l'année, et du coup, c'est vrai que c'est aussi un confort de jeu, c'est varié. Tu n'est pas tout le temps dans la même pulsation et ça te permet de conserver une certaine fraîcheur par rapport au différentes choses que tu abordes sur  scène. On essaye d'avoir un répertoire qui est progressif pour qu'il se passe vraiment un truc. Au moment ou l'on sort du concert il ne faut pas que se soit la même chose que quand on y est rentré. Quand j'entends, ça va peut être choquant pour certaine personnes, si j'entends, par exemple, 2 heures de show de Burning Spear, au dernier morceaux j'en sais pas plus sur Burning Spear qu'a la fin du premier morceau. Il y a pas cette ouverture là. C'est pas non plus le même état d'esprit et la même approche du concert. Marley est l'un des rare avec les Wailers, à avoir su diversifier son répertoire tout en gardant la pulsation. "

    Skanews : "Votre album live va sortir cette semaine ?"

    Ange : "Ce live a été réalisé comme "Carnet de Roots", c'est à dire avec les moyens du bord. Nous l'avons enregistré là où nous avons pu avoir les moyens d'enregistrer avec le matériel que l'on avait, et on peut dire que c'est un bon live and direct qui vient de sortir de K2R Riddim."

    Skanews : "Nous avons entendu dire qu'il y a un clip C.D. Rom sur ce disque live..."

    Ange : Ca, c'est une idée de Cédric notre manager. Il connaît bien les ordinateurs. Il avait entendu parlé de ça, et ça fonctionne bien au Etats Unis et en Allemagne. Beaucoup de rappeurs Allemands le font et en Angleterre aussi. Mais je pense pas que se soit encore très répandu en France. Franchement, pour K2R Riddim, à notre niveau, c'est une bonne chose. Le clip de K2R ne passera jamais sur M6, ça coûterait trop cher pour nous, pour l'instant c'est diffusé un peu sur le câble, c'est tout. Je veux dire par là que pour les gens c'est plus cool de pouvoir voir notre clip sur ce disque, c'est pour tout le public qui admire K2R Riddim."

    Christophe : "En fait, ce live marque un tournant. C'est K2R Riddim, un an d'existence depuis le premier album. On a refait une photographie au mois octobre de la tournée. On a posé le répertoire live. Maintenant, on bosse sur le deuxième album. Il sortira j'espère en septembre 2000. On continue toujours dans l'optique autoproduction et on espère être signé. Nous sommes en négociation avec des maisons de disques. Mais on veut vraiment attendre de bien poser les trucs, savoir vraiment ce que l'on veut faire exactement, à quel prix on négocie et pas faire non plus n'importe quoi, se précipiter. Financièrement, ça nous pose des problèmes à tous parce que l'autoproduction c'est comme les vilains au moyen âge, on reste un peu en dehors. On est pas encore asservis par le système. Comme disent les rastas, c'est le Babylon system. C'est ça les maisons de disques."

    Skanews : "Parlez-nous des textes de K2R Riddim et des messages que vous voulez faire passer ?"

    Ange : "Les messages qu'on essaye de faire passer... c'est le message que tout le monde cherche, l'amour, l'amour, rien que l'amour ! il n'y a pas plus haut que l'amour, il y a pas plus grand que l'amour et puis à côté de cela c'est une maîtrise de soi, à l'écoute de l'autre et puis le calme en soi. Ca parle de tout, de l'union, de l'amour comme "Woman's Love", ça parle de la non-violence comme "La Lutte Réelle", "La Discrimination".

    Christophe : "On veut surtout essayer de partager quelque chose avec le public, dégager des énergies positive. A chaque fois qu'il y a un concert, c'est l'énergie du public qui nous est renvoyée et qui fait qu'on continue à jouer sans se poser trop de questions. Une fois que les gens sont là, que c'est la fête, on pense plus à rien, et pour les gens c'est la même chose. Mais ça nous empêche pas d'exprimer nos idées, surtout sur le métissage des cultures, le métissage des couleurs, Que l'on peut vivre harmonieusement ensemble. Des gens d'horizons différentes, Ange qui vient du Congo, Justin qui vient du Bénin, des gens qui viennent de milieux différents en France et on arrive à faire quelque chose. Moi j'aimerais que les gens retiennent ce message, c'est que l'on peut faire des choses ensemble sans forcement se bouffer la gueule."

    Christophe : Ce que l'on veut faire aussi, c'est sortir des clichés "Rasta", genre voilà, c'est cool je fais du Reggae, je fume de l'herbe... pour nous, c'est quelque chose de secondaire. Quand on a la chance de pouvoir s'exprimer devant un public, c'est pas la première chose qui nous vient à l'esprit."

    Skanews : "Ange, tu chantes aussi en Lingala sur certains titres des K2R..."

    Ange : "C'est vraiment une bonne question, je chante en Lingala depuis tout petit et les K2R Riddim m'ont permis de chanter dans cette langue. C'est vraiment une bonne occasion d'être avec un groupe avec lequel tu puisses t'exprimer. Pourquoi la politique ? parce que tout simplement mon père est politicien, je déteste le boulot qu'il fait, mais je l'aime mon père !. Quand tu as un père qui fait ce boulot là, tu sais que c'est pas un boulot honnête, tu peux pas être honnête quand tu fais de la politique. Un politicien qui me dit qu'il est honnête, j'en ai pas vu encore ! mais en tout cas, j'espère qu'il y aura un jour des gens qui défendront des pays avec honnêteté et beaucoup de sagesse. Ca m'a permis de parler de la politique parce que ce que je voyais tout se qu'il y avait autour de moi. J'ai vécu dans un pays qui a été contrôlé pendant 35 ans par une seule personne. Tout ce qui se passe dans le gouvernement tombe dans la famille. Tout ça, ça m'a fait mûrir et apprendre tout ce qui se passe dans la politique et tout se qu'il y a à l'intérieur et à l'extérieur. "Politika" en tout cas c'est venu de ces textes là, vraiment venu tout seul, mais si j'étais pas dans un groupe, je pense que je chanterais ça dans ma salle de bain parce que ça m'a toujours bouffé !

    Skanews : "Est-ce que tu as des projets pour le Congo ? Par exemple aller y faire un concert ?"

    Ange : "Oui, c'est exactement ça, à fond, d'aller jouer au Congo ! J'espère que c'est aussi l'un des projets de K2R Riddim pour le troisième album d'aller jouer un peu partout. Et en Afrique, il y a la chaleur, comme partout !"

    Loïc: "Ce que je voudrais dire, c'est qu'on aime bien exploiter les possibilités de chacun dans le groupe,  donc on a demandé à Ange justement de chanter en Lingala, ça permet de mettre toutes les graines de chacun dans le groupe."

    Skanews : "Pouvez nous parler du concert de Bercy de juin dernier ?"

    Ange : "Ca c'est très bien passé, tu fais pas Bercy tous les jours . Tu fais la L.C.R tous les jours, mais pas Bercy ! (rires) C'est clair, quand tu fais Bercy, ça demande qu'à retravailler, travailler, tu as de plus en plus envie de travailler  pour refaire de plus en plus de Bercy...!"

    Christophe : "On a été sélectionnés par un jury public, ça se passait à l'Elysée Montmartre le 3 juin 1999. Avec nous il y avait deux autres groupes dont Mister Gang. Depuis, Mister Gang, on sait le chemin qu'ils ont parcouru, ça marche vraiment fort pour eux, c'est des potes à nous, on est vraiment content. Nous, on a eu la chance d'être sélectionnés pour ce Reggae festival le 25 juin et de rencontrer Burning Spear, LKJ et les Gladiators. Vraiment ça a été le kif total de jouer devant 13 000 personnes. C'est quelque chose qui motive et qui nous pousse à travailler encore plus,."

    Skanews : "Avez- vous une anecdote de concert à nous raconter ?"

    Loïc : "Une fois, on est allé jouer à Toulouse dans un espèce de café-concert. Nous étions logés juste à côté. Genre 10 minutes avant de jouer, on se préparait, j'étais sous la douche et j'entends : "Dépêche toi, il y a le feu !." Je me dis que c'est des conneries et je sors en serviette. Et en fait, l'endroit où nous étions hébergés, juste à côté d'où on jouait, prenait feu en dessous de nous, il commençait à y avoir de la fumée dans les chambres et on a failli cramer. Ce qui c'est passer, c'est qu' ils étaient tellement peu nombreux là dedans que c'est nous qui avons du faire une chaîne avec des sceaux d'eaux ! C'est nous qui avons éteint toutes les flammes, on a failli cramer, si on ne s'en était pas aperçus. Le truc, 5 minutes après on était sur scène en train de jouer !

    Skanews : "Vos projets pour la nouvelle année ?"

    Ange : "Préparer notre nouvel album et garder la santé pour continuer le K2R Riddim."

    Interview réalisée à Cergy (95) par Skanews, fin 99.

    Depuis, K2R Riddim a vu son clip diffusé sur M6 et ses ventes de disques dépasser les 35 000 copies… A noter leur gros succès de leur prestation lors du Printemps de Bourges en avril 2000.

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    merci à skanews l'excellent webzine pour cet interview